Impressions sur les relations France-Ecosse au travail

Publié le par berscot

J'avais envie d'écrire mon premier article sur quelque chose que j'ai pu expérimenté dès le premier jour de stage, et qui depuis fait partie de mon pain quotidien : les relations entre mon équipe sur place à Glasgow et les français du siège social.

Précisions déjà une chose: connaissez-vous beaucoup d'entreprises, britanniques à l’origine, qui ont été rachetées par un groupe français qui a conservé sa structure et son fonctionnement familial ? Non, eh bien, c’est exactement la configuration dans laquelle j’ai débarquée en arrivant dans mon entreprise.

A partir de là, de nombreuses problématiques se posent :

-       Aucune personne de mon équipe ne parle plus de quatre mots français (bonjour, « très bon », m**de, et sacrebleu, je ne sais d’ailleurs pas pourquoi ils apprennent ce mot là encore…)

-        Les français du groupe sont très peu à parler un minimum anglais, car ce sont souvent des personnes qui sont montées progressivement dans la hiérarchie (caractéristique du groupe familial)

-       Les comptabilités française et anglo-saxonne ne sont pas les mêmes et n’ont pas les mêmes raisonnements.

-       Les systèmes d’information ne sont pas harmonisés…

Résultat des courses : ce n’est déjà pas gagné d’avance pour se comprendre…

Quand viennent s’ajouter les caractères propres à ces deux pays, cela devient alors la plus difficile tâche de la journée.

En effet, après un mois et demi ici, je m’aperçois que le caractère, disons « très particulier » du « gaulois moyen » n’est pas dans la plupart des cas un cliché. Le français est souvent directif « merci de procéder dans les plus brefs délais au paiement », le français a sa fierté qu’il ne faut pas remettre en cause «Je connais mon travail, merci ! », et surtout le français est…. aimable ;-) « j’ai pas que ça a faire d’aller vous chercher toutes vos informations, j’ai déjà assez de boulot comme ça ».

De son côté l’écossais reste assez calme (le fameux flegme britannique) dans son attitude, mais n’en demeure pas moins impatient « Je ne comprends pas, il m’avait dit qu’il me l’enverrait dans la matinée…et il est déjà midi», et a trouvé son passe-temps favori : critiquer le français. Il faut dire que l’écossais est calme, mais un peu rebelle…Il saura très bien faire un peu de zèle s’il ne voit pas l’intérêt de la demande du français, ou qu’il est persuadé d’avoir raison.

Cela donne donc une belle pagaille au boulot, tous les jours, sur des problématiques qui sont, il faut bien le dire, même pour un français, plutôt ténébreuses. Et bien oui, comment expliqueriez-vous clairement à un écossais, quand on vous demande la différence entre l’amortissement et la dépréciation, la traduction de « Comptes de liaison des établissements et sociétés en participation »

, la différence entre « provisions règlementées et non règlementées »….Bon courage Monsieur le comptable !

Ils s’en remettent pourtant souvent à moi pour essayer d’y voir plus clair, et on peut les comprendre, même si cela devient alors un véritable challenge pour moi dans certains cas. Les voix des français sont aussi tout d’un coup beaucoup plus douces quand ils apprennent qu’un français peut servir de traducteur ici, (ils se précipitent d’ailleurs sur le carnet d’adresse Outlook pour enregistrer mon contact dans leur favoris : trop d’honneur).

Il faut dire encore que les traductions « google » des mails français sont parfois assez drôles. L’autre jour, un français nous a écrit «Attendez, faut pas vouloir aller plus vite que la musique nous plus, nous n’avons rien bouclé sur ce dossier »…Je vous laisse imaginer la traduction « google ». Vous imaginez la tête de mon collègue quand il croit avoir posé une question comptable et qu’il reçoit une réponse qui parle de vitesse de la musique… 

Cependant je dois ajouter une chose : le français et l’écossais se comprennent parfaitement dès qu’il s’agit de critiquer leur « meilleur ennemi commun » : l’anglais ! La barrière de la langue s’effondre alors comme par magie, et ces deux nations deviennent les meilleurs amis du monde (cela se vérifie historiquement).

A méditer pour nos relations avec les étrangers ; )

Suite au prochain épisode

 

Bertrand

 

Publié dans Travail

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